La biodynamie dans les vignobles des Baux de Provence

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Sortie du lundi 10 avril 2017 – Lieux : Château Romanin et le Domaine Henri Milan

Par une belle journée printanière, une vingtaine d’entre nous se sont retrouvés dans l’appellation des Baux-de-Provence, pour une journée consacrée à la biodynamie.
Ce mode d’agriculture, qui suit les rythmes de la terre et du cosmos, a été fondé au XIXe siècle par Rudolf Steiner, philosophe et scientifique autrichien.

La culture en biodynamie respecte les techniques de l’agronomie : la plante, la terre, l’eau, le vent et les hommes travaillent en harmonie pour mieux exprimer le terroir. C’est un mode de viticulture durable, qui utilise de la fumure et des préparations à base de plantes et de minéraux pour traiter le sol comme entité vivante, sans intervention de produits chimiques. 

L’appellation des Baux-de-Provence au cœur des Alpilles, un écrin naturel d’une beauté sauvage, compte 100% de sa surface cultivée, (350 hectares) en agriculture biologique, raisonnée, ou biodynamique.

Parmi les 12 vignobles qui constituent l’appellation, Château Romanin, notre première halte, fait figure de porte-drapeau de la biodynamie.

Château Romanin

Le domaine du Château Romanin s’étend sur 250 hectares, dont 58 hectares de vignes entourés de garrigue, d’oliviers et  d’amandiers, surveillés par les  ruines d’un château de l’ordre des Templiers. Dans ce cirque rocheux naturel de toute beauté, avec des pierres qui emmagasinent la chaleur le jour, la restituent la nuit et le mistral qui purifie l’air, le vignoble est cultivé depuis sa naissance en 1988 selon les principes de la biodynamie.

Les propriétaires actuels, Anne-Marie et Jean-Louis Charmolüe, avaient précédemment présidé au destin du Château Montrose, second Grand Cru Classé de Saint-Estèphe. Ils ont racheté Château Romanin en 2006, avec l’ambition d’élaborer des vins dont la complexité et la profondeur reposent plus sur un travail précis sur l’assemblage de différents cépages que sur le bois. À leur arrivée, le vignoble produisait essentiellement des vins rouges. Aujourd’hui, le domaine propose 45 % de vins rouges, 40 % de rosés et 15 % de blancs.

Eduardo Pincheira, maître de chai à Romanin, originaire du Chili, nous a accueillis sur la terrasse qui surplombe la cave enterrée, avec une magnifique vue à 360° sur les Alpilles d’un côté, le Mont Ventoux de l’autre et le vignoble en contrebas.

Suivant des explications et des échanges sur la biodynamie, nous sommes descendus à la cave, un véritable chai-cathédrale construit en 1992. Son architecte Serge Heinemann l’a orienté en fonction du magnétisme terrestre, des solstices d’été et d’hiver, du passage du soleil et de la pleine lune, en résonance avec l’esprit du lieu. Creusée dans la roche, la cave est à l’image des cathédrales gothiques, avec colonnes, chapiteaux, croisées d’ogives… simplement superbe !

Puis nous sommes remontés sur la terrasse pour une dégustation commentée des vins du Château Romanin :

Vins dégustés :

IGP Les Alpilles/ cuvée CR Blanc
•    Un vin blanc léger, gourmand, doté d’une belle vivacité.
•    Accord : Langoustine, fromage de chèvre frais des Alpilles aux baies

AOP Les Baux de Provence/ Cuvée Château Romanin Rosé
•    Un Rosé avec de la fraîcheur et de la puissance aromatique en partie sur les agrumes
•    Accord : un Carpaccio de bœuf accompagné d’une sauce citron
 
AOP Les Baux de Provence/ Château Romanin la Chapelle 2014
•    Un vin rouge sur sa jeunesse, frais, franc et puissant avec des tanins denses
•    Accord : Brochette de pintade et légumes farcis

AOP Les Baux de Provence/ Château Romanin la Chapelle 2008
•    Un vin rouge avec de la complexité aromatique, légèrement truffé, et des tannins toujours bien présents
•    Accord : Lapin aux pruneaux, canette rôtie au four

AOP Les Baux de Provence/ Château Romanin la Chapelle 2009
•    Un vin rouge puissant, expressif et épicé « garrigue » avec des tannins soyeux
•    Accord : un carré d’agneau braisé, sauce à l’ail, accompagné d’une poêlée de pommes de terre et navets

AOP Les Baux de Provence/ Cuvée Cœur du Château 2012
•    Un vin rouge avec de l’ampleur et de la complexité apportées par un passage en bois, donnant des tannins souples et denses.
•    Accord : Pigeon aux airelles cuit dans son jus et brocoletti

AOP Les Baux de Provence/ Cuvée Cœur du Château 2009
•    Un vin rouge en puissance avec de la richesse aromatique et une grande profondeur, des tannins fondus mais structurés, légèrement évolué
•    Accord : Tournedos de bœuf accompagnés d’une sauce aux morilles

Après un déjeuner convivial au Bistrot de la Galine, avec les vins gracieusement offerts par le Château Romanin, nous n’avions que 900 mètres à parcourir pour arriver au Domaine Henri Milan, notre deuxième visite de la journée.

Le Domaine Henri Milan

Le Domaine Henri Milan, petit paradis blotti dans les hauteurs des Baux de Provence est né en 1958. Théophile Milan,  le fils du propriétaire, nous a présenté et expliqué la philosophie de son père par rapport à la biodynamie et la décision de sortir de l’appellation des Baux de Provence pour pouvoir produire des vins natures sans adjonction de soufre depuis 2007.

Nous avons eu le plaisir de déguster l’ensemble des cuvées de ce charmant domaine  donc j’ai le plaisir de vous en citer quelques-unes :

Le grand blanc : assemblage de Grenache blanc, Chardonnay, Rolle, Roussane et Muscat, avec un nez qui qui part sur des notes acacia et qui présente une belle longueur en bouche avec de la finesse. Je marierai ce vin avec plaisir sur un plat de poisson cru et plus particulièrement de la daurade avec quelques grains de caviar et de poutargue.

Le carré : une très belle Roussane élevée sur de la marne bleu qui donne un magnifique vin blanc avec une robe dorée, des notes citronnées au nez, de la fraicheur mariée à une belle finesse. 
Un vin à accommoder avec un loup grillé revenu avec du citron et  des herbes de la garrigue.

Et pour finir…

Le jardin : un Merlot planté sur de la marne bleu. Je resterai plus particulièrement sur le millésime 2012, où l’on retrouve des notes de truffe au nez, un très bel équilibre en bouche et une longueur fabuleuse des tanins chaleureux, avec des notes de fraise des bois. Je le servirai avec un filet de bœuf Rossini.

Pour moi  c’est un des plus grands vins que j’ai pu goûter dans ma jeune expérience  parce que ce vin me rappelle un souvenir  qui me touche et chaque fois que j’ouvre une bouteille de jardins 2012 je me retrouve à sourire bêtement.

Si l’on doit retenir une chose extrêmement importante sur ce domaine c’est sa philosophie : La vigne en liberté.

Je me permets de citer M. Milan «  Tu reçois de la vigne et de tout végétal en général, ce que tu lui donnes. »

Compte-rendu préparé par nos « écrivins » : Nicolas Morand, Yann Durieux et Ester Laushway

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